CHAPITRE 2 -
Les fondations
Les signes des temps. Les Recluses Missionnaires. Institue séculier.
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LE MISSIONNAIRE COLONISATEUR C’est dès le début de cette longue période de sa vie que survient un autre événement en soi sans importance, mais qui va marquer fortement l’activité missionnaire du père Parent. Un jour de novembre 1945, un de ses supérieurs oblats (le père Henri Routhier) fait devant lui une réflexion qui aurait pu être désobligeante au sujet de la nouvelle communauté dont il était co-fondateur. Ce n’était pas ce genre de communauté qu’il fallait, disait-il, pour ces vastes régions démunies et sauvages de l'Ouest canadien. Puis, il se mit à décrire les critères d’une communauté idéale qui conviendrait. C’était à peu près les critères actuels des instituts séculiers où des personnes consacrées vivraient en plein monde et se livreraient à l’évangélisation par un témoignage chrétien comme le levain dans la pâte.
LE RECRUTEUR À la même époque, le magistère de l’Église portait les mêmes préoccupations dans l’encyclique Provida Mater Ecclesia. C’est, inspiré principalement par ce document, que le père Parent pensa la fondation d’un institut séculier féminin. De 1945 à 1952, il fit quatre essais de fondation du type institut séculier, sans savoir encore nettement ce que cela donnerait. Les trois premiers furent un échec; le quatrième eut un succès éclatant. Un vrai vent de Pentecôte souffla sur les premières recrues. Un évènement providentiel déclencha le début de l’Institut des Oblates. L’hôpital de Grand-Sault, vieillot et en pitoyable état, était sur le point d'être fermé par le gouvernement du Nouveau-Brunswick, tandis que Monseigneur J. Roméo Gagnon, évêque d'Edmundston, et les curés de la région souhaitaient le garder ouvert en demandant à diverses communautés de le prendre en charge. Toutes refusèrent. C'était le seul hôpital catholique et francophone dans un rayon de 70 kilomètres. Luce Lacombe, en cheminement avec le père Parent, entendit l’interpellation de Mgr Gagnon pour que des infirmières prennent en charge l’hôpital. Elle en parla au père Parent qui accepta le projet. Après une rencontre entre le père Parent et Mgr Gagnon, celui-ci « … acceptait l’Institut des Oblates dans son diocèse en griffonnant une approbation officieuse. » Par la suite une demande d’approbation, en bonne et due forme, fut présentée à Mgr Gagnon. Cette demande décrivait le but du futur institut, ses œuvres, ses ambitions. « Mgr Gagnon a fait un acte de foi, il a pris un risque, il a fait figure de prophète en érigeant l’institut en Pieuse Union. Ces deux documents qui officialisaient l’existence de l’Institut séculier des Oblates Missionnaires de l’Immaculée furent entérinés en date du 8 mai 1952 ratifiant l’entente prise ce jour-là. Ainsi débuta l’Institut avec 22 jeunes filles réunies à Edmundston et provenant de quatre provinces canadiennes différentes. Le 2 juillet 1952, Luce Lacombe prononça le premier « OUI » dans l'Institut, en qualité de fondatrice, accompagnée d'Isabelle Delisle, comme co-fondatrice. C'était un quatrième essai. Le père Parent dit: « Au dire de mes confrères… le bon Dieu m’avait donné un don particulier, celui de ne pas me décourager, de garder une humeur passable, et de développer chez moi le culte du moment présent. » Enfin, l'Institut était né et plein de vigueur. |
Le père Parent proposa aux Oblates ce qu’il appelle la mystique des trois cinq. Quelle est l’origine de cette idée? Voici comment il en explique la genèse : C’est au cours de mes prédications dans les communautés religieuses que l’idée m’en est venue. Je remarquais que les grandes vertus étaient assez bien pratiquées; les « petites vertus » ne l’étaient pas. La critique et la plainte étaient pratique courante. Il fallait trouver un remède à cette situation déplorable qui paralysait l’exercice complet de la charité dans les communautés. Le remède à ce mal, le père Parent le trouva dans la pensée de la présence de Dieu. Celui qui vit en présence de Dieu continuellement vit dans la lumière de la foi. Au contraire, la critique fait œuvre de ténèbres, elle détruit l’œuvre de Dieu et paralyse l’élan de sanctification. Vivre en présence de Dieu rend capable de respecter le prochain en qui on voit Dieu. D’autre part, il avait remarqué que beaucoup de personnes se plaignaient de leur travail ou des conditions dans lesquelles elles vivaient. Leur égoïsme foncier les faisait gémir sur leur sort et déprimait les courages les plus solides. L'antidote: former l’être de service et stimuler le dévouement gratuit à l’égard du prochain qui doit être vu comme un membre du corps du Christ. Cette pratique développe le sens de l’émerveillement et rend capable de servir sans se plaindre. Le fruit de ces attitudes évangéliques, c’est la paix dans le groupe.
C’est ainsi qu’est née cette mystique simple et réaliste du « 5-5-5 » : cinq temps de prières, cinq attitudes de vie, cinq actes de charité. Sa richesse et sa valeur frappent instantanément :
Ce petit programme de vie tiré directement de l’Évangile et exprimé en termes simples, incisifs que tout le monde comprend sans avoir besoin d’explication théologique, forme le centre nerveux, le cœur de la spiritualité des instituts séculiers qu’il fondera. Cette trouvaille est d’importance, même si des confrères du père Parent l’ont regardé avec un sourire au coin des lèvres. Quiconque essaie vraiment de le vivre, verra ce qu’un semblable programme de vie spirituelle comporte d’exigences, de mort à soi et d’élan pour l’évangélisation. C’est le programme de toute une vie. Cette spiritualité est vécue par les Oblates Missionnaires de Marie Immaculée et les membres de son groupe associé Volontaires de Dieu, par les Voluntas Dei et leurs membres au sens large, et par plusieurs autres groupes qui ont adopté les « 5 points » comme spiritualité, sans être attachés ni aux Oblates, ni aux Voluntas Dei. Le père Parent enseignait aux oblates à développer leurs talents plutôt que de s’arrêter à leurs faiblesses. Il était audacieux de sorte que rien ne pouvait l’arrêter quand il s’agissait de la gloire de Dieu, du bien des âmes et de la sanctification des oblates. Il avait une confiance illimitée dans les possibilités de chacune, ce qui leur fournissait l’occasion de se dépasser et de développer leurs nombreux talents. Ce fut très heureux pour la plupart. Cependant, quelques-unes sont allées au-delà de leurs forces physiques et psychiques et cela, au prix de leur vocation. Et que dire de sa charité incommensurable qui lui faisait héberger des adolescentes, des personnes de santé fragile, des laissées-pour-compte. Elles avaient leur place dans les maisons d'oblates et partageaient le même régime de vie. Le but du père Parent était de leur favoriser des études, uniquement pour qu’elles puissent acquérir une meilleure connaissance d’elles-mêmes afin de mieux faire face à la vie. Le seul critère pour être accueillies étant d’aimer le bon Dieu.
L'APÔTRE La présence des oblates en pays de mission suscitait des besoins, ainsi que des attraits pour une présence séculière dans ces milieux. À cet effet, le père Parent invita des personnes à se joindre aux Oblates comme missionnaires laïques. Après une formation particulière, elles donnaient quelques années de leur vie dans les pays de missions pendant lesquelles elles vivaient avec les oblates, partageant leurs œuvres, la spiritualité des 5 attitudes de vie et leur devise de Charité. En 1957, commença l’École du Sourire, qui avait pour but de former ces missionnaires laïques. Ce service de formation missionnaire dura plus de vingt ans et est venu en aide à plus d’un pays.
ATTENTIF À L'ESPRIT Au moment de la fondation, le père Parent avait donné aux oblates une devise « Caritas Christi per Mariam Immaculatam » - la charité du Christ par Marie Immaculée. Cette charité vécue à la mode des cinq attitudes de vie a soutenu toute la vie des oblates et de leurs associés. Tout comme dans sa propre vie, il ne cessait de les inviter à rechercher en tout la Volonté de Dieu. Même s’il ne fut énoncé qu’en 1997, le charisme des oblates : « une constante disponibilité à la volonté du Père s’est vécu au quotidien dès la première journée de la fondation de l’Institut, le 2 juillet 1952. Il était au cœur du charisme du fondateur.
LES VOLUNTAS DEI De petites Volontés de Dieu ambulantes Le 2 juillet 1958, ils étaient douze au rendez-vous, les douze apôtres ! Un seul d’entre eux avait fait partie du premier projet pour hommes commencé en 1954, il s’appelait Maurice Roy. On pouvait donc partir à neuf et créer de toutes pièces une association nouvelle qui répondrait aux critères que s’était donnés le père Parent quelques années auparavant. Le père Parent se dit alors : L’Institut Voluntas Dei est sûrement voulu par Dieu. Cet Institut a célébré son 50e anniversaire en juillet 2008. A SUIVRE... |