À la suite de notre AG de la conférence belge des instituts séculiers et après avoir participé au processus de synodalité dans l’Eglise de Belgique, nous avons approfondi et progressé sur la question de notre place dans l’Eglise de demain en tant que consacrée séculière.
Nos sociétés connaissent depuis quelques années déjà une crise : il y a une rupture entre la civilisation d’hier et celle qui émerge tant bien que mal aujourd’hui. Nous sommes convaincues que cette crise appelle des réponses nouvelles et opère des remises en causes radicales.
Il nous faut chercher des issues, des clés pour déboucher sur autre chose. La question n’est plus d’être optimiste ou pessimiste, mais de savoir comment vivre les changements en y trouvant un sens, pour nous personnellement, mais aussi pour l’humanité.
Quel regard devons-nous poser aujourd’hui sur un monde incertain en changement et sur nos contemporains ? Est-ce un regard qui ne voit que les obstacles et les difficultés à vivre ? Un regard sur ce qui s’écroule dans nos sociétés ? Ou bien un regard qui s’attache aux situations, aux événements, un regard qui ouvre un avenir à l’humanité ?
Dans notre aujourd’hui, espérer ne va plus de soi. Cela bouscule non seulement notre espoir humain mais aussi notre espérance chrétienne. Or, l’espoir fait partie de la condition humaine : on ne peut vivre sans espérer, parce que notre existence s’étale entre un passé, un présent et un avenir. Sur le passé, nous ne pouvons plus intervenir ; quant au présent, il passe rapidement et nous déçoit parce qu’il nous échappe. Cependant, sur le futur, nous pouvons essayer d’intervenir.
La crise n’est pas seulement économique ou culturelle, elle est aussi une crise du système d’explication du monde. Espérer, c’est parier sur l’avenir, c’est considérer qu’un avenir est possible pour une personne, pour une société.
Mais, si l’espérance ne va plus de soi, cela veut peut-être dire qu’elle est de l’ordre d’un choix, d’une décision personnelle, d’un acte de la volonté.
Notre foi chrétienne ne nous arrache pas à notre condition humaine, elle s’inscrit dans nos attitudes fondamentales de consacrées. Plus encore, l’espérance chrétienne exige pour nous, membre d’institut séculier de vivre au cœur du monde le combat de la charité et de la justice. L’espérance n’est donc pas démobilisatrice, mais elle devient un stimulant pour agir. (AG de la CNBIS octobre 2022)
Pour nous oblates missionnaires de Marie Immaculée, il nous faut être des semeurs de charité du Christ, être un autre Christ nous dit le Père Parent. Notre spiritualité doit mobiliser toutes nos cellules, les cinq attitudes évangéliques doivent devenir des normes intégrées en devenir pour, comme les disciples d’Emmaüs, être des pèlerins.
Nous sommes plongées dans le monde où il nous faut nous laisser rejoindre par l’Inconnu, le Christ. Il nous faut parcourir toutes les étapes, sans nous arrêter en chemin, ou opérer un demi-tour. Il nous faut nous arrêter à « l’auberge » pour partager nos expériences, pour nous écouter et regarder nos misères, nos succès pour que notre être devienne témoin du Christ.
Françoise Lequarré
Belgique – Europe
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