Depuis six ans, plusieurs réfugiés sont venus s'installer dans mon quartier. Ce sont de jeunes familles de la Syrie et de divers pays de l'Afrique qui parlent l'arabe. A travers les événements de la vie courante, je les aide dans leur intégration. C'est ma façon d'assumer ma pleine responsabilité d'engagement chrétien et de citoyenne de mon pays.
Chaque automne, j'installe des mangeoires pour nourrir les oiseaux durant l'hiver. Craignant que les enfants nouvellement arrivés les brisent, je les ai invités à participer à mon projet. Ainsi ayant travaillé à l'installation des mangeoires, les enfants se sont sentis responsables de les protéger. En même temps, je leur ai enseigné les espèces d'oiseaux qui pouvaient venir se nourrir. Pour les stimuler davantage, chaque enfant avait une fiche à son nom sur mon réfrigérateur et lorsqu'ils voyaient une nouvelle espèce, ils rentraient chez moi pour l'indiquer sur leur feuille. Je devais m'assurer qu'ils avaient bien identifié l'oiseau. Du même coup, ils regardaient le dossier des autres pour connaître le meneur. Dans tout l'hiver, c'est Isaka qui a identifié le plus d'espèces d'oiseaux, soit dix.
C'est à travers les plus simples gestes de la vie courante que je les aide à s'intégrer dans notre pays et à enrichir leur français. L'an passé, les jeunes m'ont aidée à décorer mon logement pour Noël. Nous avons installé des lumières dans ma porte patio, fabriqué des étoiles et monté la crèche. Ce fut une occasion pour parler des chrétiens.
Nous faisons ensemble des casse-têtes, belle occasion pour apprendre les couleurs et différents mots. Un autre exercice apprécié, c'est de jouer au magasin. Je mets des prix sur des objets et celui qui vend et l'autre qui achète, doivent savoir compter l'argent canadien.
Je leur ai montré un jeu de carte facile à comprendre. Chaque joueur reçoit cinq « peanuts » à l'écale. A chaque tour, les perdants doivent remettre deux « peanuts » au gagnant. Ibrahim devait donner ses deux dernières au gagnant et il était bien fâché. En les remettant brusquement, il a dit : « tabarnak ». Ce n'est pas moi qui lui avais montré ce mot, mais ce fut l'occasion de lui donner des explications.
Les jumeaux Rajal et Roumane de la Syrie sont arrivés au Canada depuis trois ans. Rajal, le petit garçon avait une infirmité à la hanche. Selon les médecins de la Syrie, il devait se faire opérer le plus tôt possible pour ne pas rester avec cette infirmité. Son père m'a dit que le Canada avait accepté que sa famille passe en premier pour hâter l'opération. Aujourd'hui Rajal court comme tous les enfants et il est normal. Il y a un an, leur mère a donné naissance à une fille. Lors du retour de la maman à la maison, les jumeaux tout excités sont venus me chercher pour que je connaisse leur petite sœur. La maman était assise sur le lit avec un beau bébé couché près d'elle. Les jumeaux m'ont montré leur chambre et ils sautaient de joie sur leur lit.
Cet automne, Rajal et Roumane, 6 ans sont venus me vendre du chocolat pour leurs activés scolaires. Chaque tablette se vendait $2. J'en ai acheté cinq. Pour eux autres, c'était $5. Même nos petits québecois en 1ère année auraient peut-être fait la même erreur. J'ai eu aussi la visite d'autres enfants avec du chocolat à vendre. J'ai été généreuse avec eux en pensant qu'à l'Halloween, je pourrais le donner à ceux qui viendraient me visiter. En effet, j'ai tout redonné ces tablettes à mes visiteurs costumés à la fin d'octobre.
Voilà un aperçu des activités que je fais avec les jeunes réfugiés de mon quartier. Ils sont à ma porte et je n'ai qu'à les accueillir pour les aider à s'intégrer à Trois-Rivières. « J'étais un étranger et vous m'avez accueilli » Mathieu 25, 35,
Bienvenue au Canada à Babaa, Bilal, Adnan, Isaka, Ibrahim, Maurice, Atteib, Rajal, Roumane, Ousman, Fany, Ahmd, Bassam, Reponse, Qassab et à tous les autres qui viendront.........
Lise Jacques
Trois-Rivières le 18 décembre 2018