Une belle fin de journée de septembre dernier, assise devant ma fenêtre, je vois passer deux jeunes femmes, portant sac à dos. Elles se dirigent sans doute vers le camping à 5 minutes de chez-moi. Ressentant un appel spécial, d’un bond, j'ouvre la porte pour les saluer. Une troisième personne les rejoint aussitôt. Tout en respectant la distanciation, nous faisons connaissance! Une rencontre qui aura une suite intéressante : Catherine, l'aînée du trio est ingénieure agricole, Marie-Sophie, infirmière et haïtienne d'origine et la cadette Virginie étudiante en médecine. Elles se sont connues en cours de route pour la même raison : vivre une expérience dans les Sentiers des Appalaches en Gaspésie! Le lendemain, elles se proposent d’escalader la montagne derrière chez-moi où un «abri» les attend pour la nuit…
Spontanément, je les invite à prendre le déjeuner à la maison, crêpes au menu! Surprises, elles me disent qu'elles partiront tôt, vers les 7 heures et elles ne veulent pas me déranger. En riant, je leur signifie que je suis debout à 5 h 55. Elles s'interrogent : Pourquoi 5 h 55 ? Ma réponse est simple : «Je vous expliquerai cela au déjeuner demain matin.» Cette pause de dix minutes aura une répercussion sur chacune de nous que j'appelle «vivre le moment présent»! Notre fondateur, le Père Parent nous a exprimé très souvent d’être attentives et fidèles à l'Esprit-Saint dans le moment présent. « Le moment présent, dit-il, est une porte sur l'éternité qui donne une dimension de Dieu, comme accueillir le pain d'aujourd'hui»!
Ayant prié et pris mon déjeuner, tout est prêt pour accueillir mes invitées à 7 h 30. Installées dans la «cuisine d'été», elles commencent leur déjeuner tandis que je fais les crêpes dans la «grand-maison» où elles viennent se servir au fur et à mesure. Invitée à les rejoindre, elles me questionnent sur ma vie personnelle. C’est le moment de répondre à leur question sur l'heure de mon lever. C’est l’occasion de parler de la spiritualité des 555 et de mon appartenance oblate où elles apprennent que des laïques peuvent vivre une consécration en plein monde. Une découverte pour elles! Elles ajoutent: «Merci de nous avoir accueillies pour le déjeuner et de nous avoir partagé de très belles paroles : J'ai vécu un moment de grâce. ....Votre amour sincère de l'être humain m'inspire à devenir une meilleure personne.» Le temps d'enlever nos masques pour une photo-souvenir, d’exprimer des remerciements et les voilà qui se dirigent vers la rue de la montagne!
Tout au long de leur parcours en Gaspésie, ces trois «randonneuses» me donnent des nouvelles. Et voilà qu'au retour dans son coin de pays, l’une d’entre elles m’écrit une longue et belle lettre de gratitude pour mon accueil spontané. À l'approche des Fêtes, sa carte de souhaits s’exprime en termes d'émotion et de sincérité : «Votre bonté, votre générosité et votre chaleur humaine continuent à me toucher et je conserve un très heureux souvenir de mon passage à l'Anse-Pleureuse. Je vous souhaite de continuer à agir selon votre foi et vos croyances.» Une autre s'exprime ainsi : «Je suis remplie de gratitude que nos chemins se soient rencontrés. Vous avez ouvert en moi plein de belles réflexions, vos prières m'ont portée loin et ont rendu mes pas et mon coeur légers. Je vous souhaite de continuer à faire de belles rencontres et d'illuminer la route de ceux qui vous croisent.»
Voilà les fruits de la fidélité à ce moment présent lorsque j'ai répondu à un appel intérieur de sortir «vers les périphéries» même à proximité de la maison. N'est-ce pas notre vocation de porter attention aux petits gestes d'amour : rejoindre des personnes affamées d'entendre résonner en elles des paroles d'espérance en la vie!
Elise B.
Février 2021